CrEv's blog

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2012 mar. 24

Le mystère des machines à photocopier (suite, et fin?)

Ce post provient d'ici et je le recopie, entre autre pour en garder trace. L'auteur du post a été modifié pour correspondre à l'auteur réel.

Voilà, des mois plus tard, la conclusion d'une énigme qu'en fait j'ai résolu quelques jours plus tard. C'était pas si compliqué que ça. Je sais vraiment plus pourquoi, j'avais abandonné l'envie de bloguer.

Mon intuition première était qu'il y avait quelque chose qui se jouait dans l'espace. Mais d'une c'était qu'une intuition et il faut se meffier de ces bêtes-là. Et de deux, c'est un peu insatisfaisant de se contenter d'un truc aussi flou...

Après quelques tests, je peux dire qu'en fait, une photocopieuse, ça marche comme une machine à café.

Quiand on parle d'une machine à café, on parle non seulement de la machine en question, mais aussi de tout l'espace qui entoure (cf. par exemple Caméra Café). L'expression désigne à la fois un référent bien précis et l'espace où on prend son café, son thé ou sa soupe de tomate et où on discute, etc.

La photocopieuse, même si socialement c'est moins marqué qu'une machine à café (et beaucoup moins convivial), c'est pareil. On peut aller à la photocopieuse, croiser quelqu'un à la photocopieuse, s'y donner rendez-vous, etc.
Essayez de faire pareil avec un photocopieur. C'est quand même pas aussi facile. "Je vais au photocopieur", ça sonne bizarre, c'est le genre de phrase qu'on pardonnerait à un locuteur non-natif, mais qu'un francophone natif ne produit pas. Et d'ailleurs, quand on tape "au photocopieur" dans un moteur de recherche, on obtient des exemples comme "de la machine de Guttenberg au photocopieur". Mais on ne croise personne au photocopieur. C'est pourtant le même objet, mais il est catégorisé différement.

En réalité, je me rends compte en ce moment-mêm que le problème n'est pas totalement résolu. On sait désormais que photocopieuse peuvent représenter une appréhension de la réalité que photocopieur ne peut pas. Mais l'inverse? Il faudrait chercher des contextes (et je pense qu'il y en a) ou photocopieur convient, mais pas photocopieuse.

Oui, c'est dans ce genre de moment qu'on se rend compte qu'on peut paraitre bizarre et donner l'impression d'avoir vraiment que ça à fouttre. Mais pour l'heure, mon lit m'attend.

Enfin, pour finir, tout ça me fait penser à un truc qur lequel je bosse beaucoup ces temps-ci (j'en fait mon mémoire), c'est les catégories syntaxiques. J'en parlerai sans aucun doute dans autre post, mais vous trouvez pas bizarre, vous, que quand on parle d'un référent hors du lexique on peut lui donner plein de catégories et pas tout le temps les mêmes, qu'il a pas besoin de changer sa nature pour que ça marche, et qu'aucune catégorie ne prend en compte tout ce qu'il est, alors qu'un mot, il a une catégorie et puis basta, toutes ses caractéristiques grammaticales sont incluses dans ce classement. Moi, je trouve ça louche. Surtout quand on sait qu'aucun système de catégories syntaxiques n'est réellement satisfaisant... (ça y est, j'ai perdu tous les lecteurs qui ont osé lire jusqu'ici...)

bonne nuit les gens

Le mystère des machines à photocopier

Ce post provient d'ici et je le recopie, entre autre pour en garder trace. L'auteur du post a été modifié pour correspondre à l'auteur réel.

Je recopie le fameux (?) post qui n'avait jamais eu de suite. Cette fois il en aura une.

C'est quoi la différence (sémantique) entre une photocopieuse et un photocopieur?

On est bien embêté pour trouver une différence (pour le TLFi c'est une seule entrée, d'autres sont un peu plus audacieux).

Et d'ailleurs il est clair que l'objet du monde auquel il est fait référence est le même pour les deux mots.

Mais il ne faut pas confondre sens et référence. Un exemple simple :
M. Patate marche dans la rue. Il croise Mme Courge.
"Bien le bonjour, chère amie", dit M. Patate.
Dix mètres plus loin (hors de portée des esgourdes de Mme Courge), M. Patate gromelle dans sa barbe de trois jours : "Mais quelle connasse, celle-là, je peux vraiment pas la sentir!"

De chère amie à quelle connasse, l'objet du monde (au sens large) auquel on fait référence est resté le même. Pour autant, il est évident que le sens a changé.
Le sens des mots n'est pas question de la description d'un état objectif du monde, mais à comment on perçoit un état du monde, comment on l'appréhende. La nuance n'est pas négligeable.

Pour un peu plus de clarté, je vais désigner par P l'objet physique désigné la plupart du temps par les termes photocopieur et photocopieuse.

Point 1 : si il y a une différence, ce n'est pas en décorticant des P qu'on la trouvera. Ca, c'est fait.

Passons au point 2 : Est-on sûr qu'il y a une différence?

Je serais tenté de dire "oui, forcément". Si il y a deux mots, alors il y a deux sens.
Il y a tout un tas d'arguments pour avoir ce point de vue, mais franchement, aujourd'hui, j'ai pas spécialement envie de développer là-dessus. On va le prendre comme une pétition de principe et puis voilà.

En fait, à défaut d'arguments théoriques, je vais quand même donner un argument empirique :
si nous avions deux mots avec exactement le même sens, et comme seule différence une caractéristique grammaticale (le genre), il n'y aurait rien pour discriminer l'un de l'autre. La probabilité de tomber sur l'un ou l'autre serait donc de 1/2. Ce n'est pas ce que nous dit Yahoo! :

au singulier :
photocopieur : 250.000
photocopieuse : 91.900
soit environ 2,7 fois plus de photocopieur que de photocopieuse.

au pluriel :
photocopieurs : 160.000
photocopieuses : 33.100
soit environ 4,8 fois plus de photocopieurs que de photocopieuses.

Les écarts sont trop grands sur de trop grosses quantités pour être fortuits.

Autre argument : il ne s'agit pas d'un simple problème de genre. Ce n'est pas le même mot qu'on aurait fléchit au féminin et au masculin l'autre coup (je me rends compte que j'aurais dû commencer par là : bien dire qu'il y a deux mots différents). Pour la bonne et simple raison que les noms en Français ne sont pas sensibles à la variation en genre. Tel nom est féminin ou masculin et point barre. Si on veut l'autre genre, il faut construire un autre mot.

Exemples classiques : 1) J'ai trois lions adultes et un qui est adolescent. versus 2) *J'ai trois lions adultes et une qui est adolescente. L'énoncé 2) ne fonctionne pas, parce que le mot lion ne peut pas fonctionner au féminin.

Pour en revenir à nos P, ça veut dire que photocopieuse et photocopieur ont été créés chacun isolément à partir du verbe photocopier à l'aide de deux règles morphologiques distinctes. Lesquelles règles n'ont pas les mêmes exactement caractéristiques sémantiques.

A suivre...

Dans le prochain épisode du mystère des machines à photocopier, vous aurez peut-être un des machins-là... ou peut-être pas, je sais pas encore, là je fais une pause :
_l'élargissement du champ lexical étudié (rajouter "machine à photocopier" par exemple)
_un développement à partir des règles morphologiques
_des analyses d'exemples trouvés sur les moteurs de recherches
_des observations sur les images que fournissent les moteurs de recherche avec l'un ou l'autre terme
_un grand lapin blanc qui est toujours en retard
et un jour (lointain sans doute)........ la résolution du mystère (mais c'est pas gagné)

Bientôt sur vos moniteurs.